lundi 25 septembre 2017

Andreas, Dérives 2


J'ai découvert Andreas il y a un peu plus de vingt ans par le hasard des emprunts à la bibliothèque municipale de mon coin de Bretagne.
Je le connaissais déjà sans le connaître pour avoir lu quelques planches du Cimetière de Cathédrales dans un numéro du journal Tintin. Quatre planches bien insuffisantes pour accrocher à son univers.
Tout commença donc avec Descente, le sixième album de Rork. J'arrivai in media res, totalement dépourvu de toutes informations sur le personnage principal, l'intrigue, l'univers voire même le genre du récit et j'en suis ressorti mordu.
Le style graphique froid et anguleux allié à une réelle maîtrise de la mise en couleur (du Cimetière de Cathédrales à Retour, chacun des albums de Rork est orienté autour d'une couleur dominante), mis au service de scénarios irrésumables et complexes, tout était réuni pour donner envie de s'intéresser de plus près à son travail.

Vint donc le temps de la complétude qui vit s'aligner sur mes étagères beaux albums reliés neufs, beaux albums reliés d'occasion, albums reliés d'occasion moins beaux (La Montre aux sept Rubis ou A l'aube de la liberté), fascicules plus ou moins fatigués (Super Tintin Cosmos pour Rork : les Oubliés ; Je Bouquine) et fanzines dont seul Internet avait gardé la trace (Viper). J'ai pensé un moment passer au stade des planches originales mais on attendra que les enfants aient grandi pour récupérer les chambres et lancer le projet de Musée Andreas.

Au total, beaucoup de belles découvertes, de vrais moments d'émerveillement (la planche du Retour de Cromwell Stone "au miroir brisé" est un pur chef d'oeuvre) et quelques rares déceptions (pourquoi donc avoir dessiné Donjon Monsters en adoptant un style "à la Trondheim" alors que le délice de la chose eût été de faire un Donjon "à la Andreas" ?)

Dernier en date d'une production dont le volume et la régularité laissent pantois, Dérives 2 vient s'ajouter à la longue liste de ses travaux (pas moins de 64 albums publiés depuis plus de trente ans).
Tout comme avec Dérives, il s'agit d'histoires courtes qu'Andreas, à partir de scénarios signés de noms connus ou pas (Mazan, Dieter, Cornette, Hyuna, Raven et Cochet) met en images (à l'exception de la dernière où il opère seul) en usant d'un graphisme différent pour chaque récit.

Alors, non, même s'il s'agit de récits courts, Dérives n'est pas une porte d'entrée idéale pour qui voudrait découvrir l'oeuvre d'Andreas. On lui préfèrera Coutoo ou Raffington Event.

Hermétiques, pour ne pas dire obscures, ces histoires sont dans la lignée du dyptique Cyrrus - Mil ou du Triangle rouge. La première lecture semble mener à une chute compréhensible et le final s'avère déroutant ("Milk") ou inattendu ("Maidstone"). C'est d'ailleurs là que réside le charme de ses albums ; le lecteur n'a d'autre choix pour saisir le sens de l'histoire que d'y revenir encore et encore.

Andreas, Dérives volume 2, Delcourt, 2017

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